J.J Ellis : “l’abstrait comme fin heureuse”
Rencontre avec J.J Ellis, devenu artiste abstrait émergent à New York avec la pandémie, il nous parle de sa création et de son chemin à travers l’art.
Dis-moi, comment es-tu devenu artiste ?
Très brusquement en fait ! J’ai toujours peint mais jamais d’abstrait. En réalité je travaillais dans un restaurant quand le virus a tout fait fermer et j’ai très vite décidé que je ne voulais pas y retourner. C’est à ce moment-là que j’ai peint ma première toile abstraite et que j’ai commencé cette nouvelle voie un peu par nécessité.
Comment tu en es arrivé là ?
Je viens de me lancer seul. Je conseillerai à tous ceux qui veulent se lancer dans une carrière dans l’art de commencer par tout faire soi-même. Apprendre le business, comment faire sa promotion, la communication…même éditer ses propres vidéos peut devenir utile. Ne cherchez pas une galerie pour vous sauver, soyez votre propre galerie. Essayez de tout faire vous même ou du moins tout ce que vous pouvez. Je trouve que les choses tournent mieux de cette façon, et puis je n’aime pas trop voir mes tableaux entre les mains d’autres personnes.
Quelles sont tes inspirations et d’où viennent-elles ?
Je crois que mon inspiration découle en grande partie du monde naturel. Je vis dans une grande ville depuis toujours, à New York, donc je pense que c’est une sorte d’échappatoire. J’essaye de créer des sensations et des vues qui seraient dépourvues d’humains mais je crois que même dans mon travail cette tentative est vaine. Alors que j’essaie d’utiliser des pigments naturels je les juxtapose avec des médiums totalement inorganiques comme la peinture en aérosol. Je vois un peu ça comme un miroir de l’interaction entre homme et nature mais avec un peu plus d’espoir et d’optimisme que ce que l’on voit actuellement dans le paysage politique. Je suis inspiré par l’idée de ces deux éléments opposés existant au même endroit et qui plutôt que de créer un conflit, créent un équilibre. Je veux être rassuré ! Je veux écrire une fin heureuse à notre histoire.
Pourquoi l’abstrait ? Est-ce un choix qui s’est imposé à toi ? On sent cette inspiration réelle mais aussi le choix de faire quelque chose de différent.
C’est un choix. J’ai été illustrateur pendant des années mais j’ai toujours senti que le travail que je faisais ne vieillirai pas bien à cause de l’industrie rapide et de la marchandisation excessive qu’est devenue le monde de l’illustration. Un jour vous allez voir une pub illustrée que vous allez aimer parce qu’elle est pertinente et d’actualité, une semaine va passer et cette illustration va déjà commencer à s’effacer, à devenir fade à mesure que les nouvelles sortent. Je voulais utiliser un langage plus intemporel, faire et produire quelque chose qui pourrait être compris éternellement. Pour moi l’abstraction est devenue ce langage.
Peux-tu me parler un petit peu de ton processus de création ?
J’essaie de me débarrasser du tableau blanc le plus vite possible pour que ce ne soit pas une tâche décourageante. J’aime beaucoup faire un peu n’importe quoi au début pour ne plus avoir à l’esprit la peur de gâcher le tableau. Quand j’ai consciemment “gâché” le tableau, j’essaie de retravailler cet ensemble dans quelque chose de plus esthétique.
Comment choisis-tu tes médiums ?
C’est surtout un concours de circonstances. J’utilise des pigments et des couleurs organiques parce que je trouve qu’ils se mélangent très bien et parce que j’aime cette texture assez épaisse à travailler. C’est presque de la boue en fait ! J’aime aussi beaucoup travailler avec des aérosols de peinture, c’est viscéral et instantané, le plaisir est immédiat. En règle générale j’aime travailler avec tout ce qui est tactile.
Comment choisis-tu tes couleurs ?
Je vais travailler avec deux voix très distinctes, par exemple, faire une série avec des tons chauds puis faire une série entière avec des tons froids. Je peux ensuite peindre un tableau aux couleurs chaudes et lui ajouter des touches froides ou l’inverse.
Chaque couleur à une signification particulière et chaque symbole a un poids. Il faut que tout soit équilibré, qu’il y ai une harmonie dans mon esprit et cette harmonie se retrouvera alors peut être chez quelqu’un qui aime regarder ce tableau.
Quels mots choisirais-tu pour décrire ton univers artistique ?
Solitaire. Ascétique
Quels sont tes rêves et projets au moment où l’on parle ?
Je rêve de lire moins de mails. Je suis heureux avec les projets sur lesquels je travaille en ce moment mais j’aimerai avoir plus de temps pour me concentrer uniquement sur ce que je peins. J’aspire à un jour où je pourrai me réveiller le matin, boire une tasse de thé dans mon patio et juste peindre jusqu’au soir. C’est ça mon monde rêvé.
Voudrais-tu transmettre quelques mots à tes lecteurs français ?
Bonjour lecteurs francophones ! Mes voeux de bonne santé !
Propos recueillis par Emma Gontier
Pour découvrir plus d’oeuvres de l’artiste rendez-vous sur son compte Instagram.
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